À une époque où l’information, les produits et les services offerts abondent, il apparaît de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux, ce qui fonctionne vraiment, de la simple stratégie marketing.

S’il est vrai que l’on associe régulièrement la consommation responsable à des comportements bien connus de tous les jours, tels que le recyclage, le compostage, l’achat de produits équitables, locaux, ou encore à l’utilisation du transport en commun, elle couvre une dimension moins bien connue du grand public, soit celle de l’investissement responsable (IR). S’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau, il connait depuis quelques années une popularité croissante.

Même si la part investie par les particuliers en actifs sous gestion d’IR progresse de façon constante, le concept est encore plutôt méconnu des Québécois.es. En effet, si certains en ont déjà entendu parler et savent ce qu’est l’IR, la plupart y sont peu familiers, voire méconnaissants et préfèrent laisser à leur conseiller – quand ils en ont un – le soin de prendre des décisions fondées uniquement sur l’analyse financière des produits. Or, les conseillers n’auront pas forcément le réflexe d’offrir ce genre de produit.

Qu’est-ce que c’est l’IR?

Eh bien, pour l’investisseur particulier, ça consiste essentiellement « à faire des choix d’investissements […] à l’aide desquels on souhaite contribuer à promouvoir l’adoption par les entreprises de meilleures pratiques sur les plans social et environnemental »1. Autrement dit, il s’agit de faire une différence avec son argent, tout en le faisant fructifier.

Il existe d’ailleurs plusieurs façons d’y arriver. Au fil des années, quatre principales stratégies ont vu le jour :

  • Les investisseurs peuvent choisir des produits financiers qui excluent les entreprises œuvrant dans certains secteurs, tels que l’armement, le tabac ou le nucléaire. On parle alors d’une stratégie d’exclusion.
  • Ils peuvent également choisir de favoriser les entreprises adoptant les meilleures pratiques dans leur domaine d’activités. Il s’agira dans ce cas d’une stratégie « meilleur du secteur ».
  • Il est également possible d’adopter une approche dite d’engagement actionnarial, qui vise à influencer de façon positive les pratiques d’une entreprise grâce à la pression exercée par les actionnaires.
  • Enfin, l’investisseur peut choisir d’encourager des entreprises dont les activités sont précisément orientées vers l’objectif d’engendrer des retombées sociales positives. On parlera alors d’investissement à impact social.

L’offre au Québec et au Canada

Les institutions financières proposent différents produits financiers (fonds communs de placement, fonds solidaires, fonds de capital de développement local, fonds négociés en bourse, titres particuliers, produits d’assurance, etc.) qui cadrent avec le profil d’investisseur et les stratégies souhaitées en matière d’IR.

Lorsqu’il est question d’IR, deux questions majeures sont régulièrement soulevées :

  • Le rendement est-il le même que celui des produits de placement traditionnels?
  • Comment m’assurer que les conséquences sur les entreprises, la société et l’environnement sont réels?

À ce jour, d’une part, la grande majorité des études disponibles tendent à confirmer que les produits d’IR ont une performance équivalente à celle des produits traditionnels. Habituellement plus performants sur de longues périodes, ils seraient donc particulièrement appropriés pour l’épargne-retraite. D’autre part, il existe de nombreux exemples concrets bien répertoriés d’entreprises ayant modifié considérablement leurs pratiques où des retombées positives ont été engendrées. Bien que ces résultats découlent la plupart du temps d’un ensemble de facteurs, les stratégies d’IR (la pression d’actionnaires engagés par exemple) y jouent bien souvent un rôle déterminant.

Progressivement, de plus en plus de citoyens sont inspirés par l’IR. Ils réalisent qu’en tant qu’investisseurs, ils ont le pouvoir de :

  • choisir à quelles fins sera utilisé leur argent
  • défendre leurs convictions
  • amener les entreprises à adopter des pratiques plus cohérentes avec les valeurs de responsabilité sociale et environnementale.

L’IR est essentiellement un processus orienté vers le moyen et le long terme. Malgré les nombreux succès, il reste donc beaucoup de chemin reste à faire. Par ailleurs, tout comme la consommation responsable, il s’agit d’un phénomène en constante évolution, dont l’offre grandira et se diversifiera au fur et à mesure qu’augmentera la demande pour des produits financiers responsables dans les années à venir.

Celui ou celle qui opte pour l’IR ne devrait pas investir avec l’espoir de « changer le monde » dans les mois ou les années qui suivent, mais plutôt s’attendre à ce que les démarches, initiatives et moyens nécessaires au changement soient bel et bien mis en œuvre. Les options d’IR disponibles en sont encore à leurs débuts et peuvent difficilement s’adapter parfaitement aux valeurs et principes de tout un chacun. Sans pour autant reléguer ses idéaux aux oubliettes, il est donc important d’adopter une vision réaliste quant à l’impact à court terme de ses actions.

Alors, pourquoi investir de façon responsable?

  • D’abord pour vous, pour ceux qui vous entourent et pour ceux qui vous succéderont
  • Parce que vous êtes préoccupés par le modèle actuel de développement économique à court terme
  • Parce que vous êtes conscients que nous devons tous faire des efforts au quotidien
  • Parce que c’est le prolongement logique des habitudes de consommation responsable que vous adoptez déjà et souhaitez léguer aux prochaines générations

En somme, bien que l’investissement responsable soit encore aujourd’hui sensiblement méconnu des Québécois, les préoccupations pour les questions Environnementales, Sociales et de Gouvernance (ESG) ne cessent de grandir et de se répercuter dans les comportements quotidiens. Ce qu’il reste à faire, c’est tout simplement d’appliquer la même logique quand vient le temps de choisir des produits d’investissement. Pour aider les particuliers dans cette démarche, des outils tendent d’ailleurs à se développer, comme c’est le cas notamment de la plateforme interactive indépendante Ethiquette.ca développée par l’Observatoire ESG UQAM de la consommation responsable.

 

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[1]. http://www.ethiquette.ca