Après l’aspect financier, celui d’être heureux à la retraite est certainement l’élément qui préoccupe le plus les travailleurs quand ils pensent à leur futur. Mais voilà, le bonheur est un peu comme une faculté qui se cultive et se développe au même titre qu’un muscle. C’est pourquoi à partir du moment ou les gens sont sur le marché du travail, ils doivent cultiver leur bonheur en vue de leur retraite.
Qu’est-ce que le bonheur ? Il y a deux mille trois cents ans, Aristote déclarait que « par-dessus tout, les femmes et les hommes cherchent le bonheur. Tandis que le bonheur est convoité pour lui-même, tout autre but – santé, beauté, richesse ou puissance – est désiré tant qu’il est censé nous rendre heureux. »
Qu’en est-il pour le travailleur, futur retraité à plus ou moins long terme? L’amélioration de ses conditions et de son espérance de vie auraient-elles changé le cours des choses? L’amélioration de notre situation financière depuis le temps d’Aristote, la facilité avec laquelle nous avons maintenant accès au système financier nous permettant de satisfaire nos désirs, aurait-elle aussi changé notre propension à être heureux, la satisfaction étant plus immédiate? Plusieurs expériences intéressantes ont étés menées, notamment par Mihály1 pendant plus de 25 ans. Celui-ci en est venu à la conclusion que :
- Le bonheur n’est pas quelque chose qui arrive à l’improviste, il n’est pas le résultat de la chance, il ne dépend pas de conditions externes, mais plutôt de la façon dont elles sont interprétées;
- Toutes nos expériences internes – joie ou tristesse, intérêt ou ennui – se présentent à l’esprit comme une information. Le contrôle que l’on a sur le traitement de cette information permettra de décider à quoi ressemblera notre vie, heureuse ou malheureuse;
- C’est par le plein engagement dans chaque détail de sa vie qu’il est possible de trouver le bonheur;
- Les meilleurs moments de la vie n’arrivent pas lorsque la personne est passive ou au repos (même si le repos peut être fort agréable après l’effort). Ainsi, les loisirs passifs (ex : télévision) produisent peu d’expériences significatives alors que les loisirs actifs sont porteurs d’expériences plus positives.
Ainsi, les recherches ont permis de comprendre que l’individu est en mesure de contrôler le flot de pensées et de sentiments qui l’approche ou l’éloigne du bonheur.
De même, peu importe votre situation financière ou professionnelle, que vous soyez riche ou pauvre, professionnel, ouvrier, en affaires ou gagnant de la loto, vous devez apprendre à vous récompenser vous-même, apprendre dès maintenant à développer votre aptitude à vous donner des buts et à trouver la joie là où elle est, et cela, indépendamment des conditions externes.
Mihály a également identifié certaines caractéristiques présentes lorsque les participants vivaient une expérience optimale. Les voici :
- La tâche entreprise était réalisable, mais constituait un défi et exigeait une aptitude particulière;
- L’individu se concentrait sur ce qu’il faisait;
- La cible était claire;
- L’activité en cours fournissait une rétroaction immédiate;
- L’engagement de l’individu était profond et faisait disparaître toute distraction;
- La personne exerçait le contrôle sur ses actions;
- La perception de la durée était altérée.
Au-delà de la planification financière, comprendre ce qui favorise ou non votre bonheur peut entraîner un vent de changement positif et rafraîchissant. Il est important de prendre en compte, dès sa mi-carrière, les divers éléments mentionnés ci-haut pour faire en sorte d’avoir une retraite comblée et stimulante. Comme un compte en banque, un état de bonheur à la retraite ou au travail n’a rien de magique ou d’inné. C’est plutôt quelque chose qui se cultive, s’entretient ou se retrouve lorsqu’on l’a perdu, quelque chose qui ouvre la porte à de belles découvertes sur soi et les autres.
1 Mihály Csíkszentmihályi, Vivre : la psychologie du bonheur; tr. Léandre Bouffard. Paris : R. Laffont, 2004